Des gens du voyage s’installent illégalement sur un terrain de rugby : la justice leur autorise à rester

Une bataille locale révèle comment la loi encadre réellement les évacuations et la responsabilité publique

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Un simple terrain de sport devient le centre d’un affrontement inattendu. Entre décisions administratives et droits fondamentaux, l’affaire soulève une question essentielle : jusqu’où l’autorité peut-elle aller ? Dans cette commune de Seine-et-Marne, l’installation de familles de gens du voyage sur un espace inhabituel a conduit la justice à trancher. Une décision dont les implications dépassent largement le cadre local.

Pourquoi les gens du voyage ont contesté l’arrêté préfectoral

Depuis une dizaine d’années, une vingtaine de familles occupent l’aire d’accueil de Saint-Fargeau-Ponthierry, en Seine-et-Marne, affirme lindependant.fr. Elles relèvent de la communauté des gens du voyage et suivent les règles locales. L’été dernier, la mairie a fermé le site pour travaux. Cette fermeture a tout bouleversé, car l’accès habituel n’existait plus.

Le site a été fermé du 28 juillet au 26 août pour chantier. Dès le 27 juillet, les familles ont stationné sur le terrain de rugby municipal. Une soixantaine de caravanes s’y sont installées. La situation a créé des tensions avec le club, toutefois aucune solution d’hébergement équivalente n’était accessible sur la commune.

Le 7 août, le préfet Pierre Ory a ordonné un départ sous 48 heures. Il a affirmé l’existence de places ailleurs : 65 emplacements libres au 25 juillet, puis 89 au 1er août. Le groupe installé a contesté ces chiffres. Il a surtout soutenu qu’aucune alternative concrète ne lui avait été proposée.

Obligations légales envers les gens du voyage et critères d’expulsion

Les familles ont saisi la justice pour atteinte disproportionnée aux droits fondamentaux. Leur requête mentionnait des enfants scolarisés dans la ville, deux adultes handicapés et une femme enceinte. L’intérêt supérieur des enfants, la santé et la dignité ont été mis en avant, tandis que l’exécution forcée restait discutée.

Le droit est clair : une mise en demeure n’est possible qu’en cas d’atteinte à la salubrité, à la sécurité ou à la tranquillité publiques. Encore faut-il prouver ces atteintes avec des faits précis. Le juge vérifie aussi la cohérence des mesures, car l’autorité doit agir avec proportion et nécessité.

Dans un tel contexte, l’accès à une offre d’accueil adaptée devient déterminant. L’aire d’origine étant fermée, une substitution devait être proposée clairement. Sans information vérifiable, la contrainte perd son fondement. Ici, l’administration n’a pas justifié des disponibilités réelles, ni décrit des modalités d’accueil suffisantes et proches.

Décision du tribunal administratif de Melun et motifs précis

Le 12 août, décision rendue depuis confirmée publiquement : le tribunal administratif de Melun a donné raison aux familles. Les juges ont rappelé les conditions strictes encadrant les évacuations. Ils ont noté les impacts concrets sur la scolarité, la santé et la continuité de vie. Le raisonnement a suivi les textes et la jurisprudence.

Durant la période, quatre aires d’accueil du secteur étaient fermées. Les autres n’offraient pas une capacité suffisante. Surtout, les autorités n’ont pas démontré quelles aires avaient été proposées, ni à quelles dates. L’absence de preuves a pesé lourd, car la charge d’information incombe à l’administration.

Conséquence directe : l’arrêté préfectoral a été annulé. La mesure n’était pas légalement proportionnée dans ces circonstances. Le juge a exigé des solutions concrètes avant toute expulsion. Le message est net : sans accueil de substitution adapté, la contrainte ne tient pas. L’équilibre entre ordre public et droits individuels s’impose.

Un signal clair sur l’accueil, la preuve et l’équilibre

Cette décision rappelle une règle simple, mais décisive : avant d’ordonner un départ, l’État doit prouver l’atteinte et proposer une alternative adaptée. Les collectivités, les clubs et les services de l’État devront mieux coordonner leurs réponses. Les gens du voyage y gagnent une sécurité juridique, car la loi protège aussi les parcours de vie.

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